Odyssée psychologique #3 : Un voyage aux Etats Unis

Quel délice de gouter à ce gâteau en cette fin de journée fort chargée !
Il fait déjà nuit dehors et je suis loin d’avoir terminé, les comptes rendus, ça s’écrit pas tout seuls…

Ce matin là, l’infirmière-pâtissière qui rentrait tout juste de ses vacances aux Etats Unis, avait eu la délicate attention de me mettre une part de sa confection maison de coté, accompagnée d’un petit mot trop mignon. 
Par bonheur, personne n’y avait touché. 

Une pause, j’ai pris une vraie pause, peut-être la première de la journée sans être interrompue par une demande, une question, une transmission. 
Et je me délecte de ce temps suspendu, silencieux, autant que de cette grosse part de cheesecake au citron. 

Pause.

Et si je me faisais un thé aussi avec ça ?
Une pensée superstitieuse me fauche au passage : et si quelqu’un voyait ma présence dans cette salle de repos vitrée et venait troubler cet instant ?
Ça sera pour après, quand je retournerai dans mon bureau. 
Ne pas bouger, respirer pleinement, déguster… pourvu que mon téléphone ne sonne pas.

Pause.

Je ne reverrai aucun membre de l’équipe avant le lendemain matin.

Retour à la clinique après cette soirée écourtée, je suis interpellée par l’infirmière-pâtissière ex-vacancière venue chercher un document dans le service de chimiothérapie ambulatoire où je me trouve pour la matinée.
Mais quelle douceur son gâteau de la veille ! 
Quel réconfort son sauvetage de la dernière part, spécialement pour moi !

Et sans avoir réellement le temps de nous épancher, voilà que nous nous embarquons malgré tout dans des histoires épiques. 
Elle, me racontant son périple américain, moi revenant sur ce qu’il s’est passé d’important durant son absence, et sur sa délicate attention culinaire de la veille, tombée tellement à pic !